Heureux qui comme Ulysse…
Sans avoir parcouru d'horizons lointains ni vaincu de chimères ;
votre vie est aussi une Odyssée.
Vos émotions, les évènements sentimentaux, familiaux, professionnels,
tout ce qui a jalonné votre existence, mérite certainement d'être conté.
Faire ressurgir les souvenirs qui semblaient oubliés, les traduire par des
mots et les faire partager à vos proches et amis.
Le Biographe est à votre écoute. Il vous aidera à réaliser un projet auquel
vous songiez souvent, sans savoir comment le concrétiser.
Peggy Tardieu vit dans la région parisienne.
Elle est écrivain biographe et a écrit plusieurs biographies. Elle signe ici son premier roman dans lequel, avec beaucoup de lucidité, elle transmet sa réalité du monde.
Voir extraits du livre
“…J'éprouvais beaucoup d'admiration pour mon père.
J'aimais son côté artiste car il jouait très bien de la guitare.
C'était un réel plaisir de l'écouter et il lui arrivait de composer
des partitions en improvisant sur des sujets d'actualité…
…Dès l'adolescence je me montrais coquette.
Souvent pendant des heures je prenais plaisir à feuilleter, en cachette, des magazines.
Les « stars » qui y figuraient me servaient de modèles et je rêvais de leur ressembler.
Je tentais de les imiter avec les moyens dont je disposais, au gré de ma fantaisie.
Malheureusement, le contexte dans lequel j'étais élevée, ne me permettait pas de me projeter dans cet univers de célébrités.
Pour me permettre d'acheter quelques produits esthétiques indispensables à mes rêves, je collectionnais des bons de fromage…
… Lors des vacances scolaires, j'étais heureuse d'aller chez ma tante, la sœur de mon père.
Elle y vivait avec son mari. C’était un personnage très sympathique.
Ils tenaient tous deux, un petit commerce. Ils n'avaient pas eu d'enfants, aussi avaient-ils adopté une petite-fille…”
Fermer
“…Quel temps de chien ! comme dirait Magny, ce vieux corniaud plein de poils et de gentillesse.
Justement le voilà qui donne de la voix : quelqu’un est à la barrière de la cour.
Courons voir ! Ce sont des Romanichels ; Maman va s’enquérir de leur venue. Bref bavardage.
Elle revient à la maison et retourne avec son porte-monnaie et moi. Elle vient de m’acheter la première robe dont je me souviens encore.
A petits carreaux noirs et blancs avec un petit liseré rouge autour du col. J’ai deux ans.
Magny saute de joie pour me féliciter et nous éclabousse de boue. Précédées de son fouet battant, Maman et moi,
allons nous sécher un peu devant la cheminée dont il faut remuer les braises
du foyer avec les pincettes pour faire repartir le feu sous une nouvelle bûche…”
“… Maman restait au lit, c’est la Mère Boulay qui prenait ma petite sœur sur ses genoux,
assise sur une chaise basse comme un prie-Dieu. De temps en temps, elle lui changeait de couches et la langeait de propre.
Puis, l’amenait dans les bras de Maman qui ouvrait sa chemise et mettait Charlotte contre elle. Le lit était très haut, je ne voyais pas bien.
- Qu’est-ce qu’elle fait Charlotte ?
- Elle tète !
- C’est quoi ?
- Eh ! bien, elle boit le lait de ta Maman.
- Comme les petits de Biquette ?
- Exactement. Pour grandir et devenir comme toi.
- Oui, mais elle ne mange pas de soupe !
Papa n’en pouvait plus de mes questions. Mais il semblait tellement heureux qu’il n’osait pas m’envoyer balader.
Puis Maman, au bout de quelques jours, a repris son travail comme avant.
Elle me chargeait, sitôt les pleurs de Charlotte, de la bercer un peu ; et ça marchait, elle s’endormait…”
Fermer
“... ma cousine m’emmena au bal, c’était un grand bal à Paris.
Il y avait deux grandes salles avec des pistes comme on en fait plus, hélas !
Le premier jeune homme qui m’invita était superbe, beau comme un dieu et dansait magnifiquement.
Ce fut le coup de foudre absolu.
… Nous nous voyions pour bavarder quelques minutes sur le talus, lorsque cela était possible.
Mon fiancé s’emparait de son vélo pour distribuer le courrier…
… Un jour, une admiration sans bornes me submergea. Il imagina de m’adresser un télégramme en l’apportant lui-même à l’atelier de confection dans lequel je travaillais.
Ce qu’il fit pendant ses heures de travail et le remit au patron qui lui glissa un pourboire dans la main.
Je rougissais en le voyant entrer avec un air grave que je ne lui connaissais pas. Fébrile, j’ouvris le papier bleu.
Quel ne fut pas mon soulagement en découvrant un mot doux qui me fixait un rendez-vous ! ”
Fermer
“… Mais assez vite nous sommes obligés de rentrer dans les nuages et de prendre de l’altitude.
Je restai en patrouille avec le commandant M., tandis que Robert disparut dans les nuages et semblait avoir des difficultés pour monter.
… Nous apprenons, en ce début de juin 1949, que la 2ème Escadre de Chasse allait faire mouvement sur Dijon avec ses camions,
souvent très lourds puisqu’il s’agissait principalement de "camions ateliers". Je suis désigné comme chef du convoi.
Celui-ci se forma et démarra un matin en direction des frontières du Luxembourg, de la Belgique et de la France, en empruntant un petit chemin cahoteux…”
Fermer
“… La tante de Mariette vivait là, seule avec son chien et son chat. Tranquille qu’elle était. Quelques amis alentour venaient lui rendre visite de temps en temps. Elle avait besoin de musique et de livres. De contempler les champs et les collines. La journée, elle s’occupait à tricoter, à coudre, à faire, à défaire de vieux corsages ou de vieilles jupes. Elle en faisait des foulards de toutes tailles et de toutes couleurs. Elle aimait bien.
– Un jus d’oranges les filles ?
– Oui, merci.
- Sophie ! tu peux m’appeler Charlotte !
Elles s’installèrent toutes trois devant la table basse, près de la cheminée. Le panier du chien posé ici. Un grand fauteuil tendait ses larges accoudoirs, confortable sans doute. Les rideaux aux étoffes bariolées se cognaient contre la vitre des portes-fenêtres. On sonna à la porte.
– Tiens ! Qui cela peut-il être ? s’interrogea Charlotte en se levant. ”
Fermer
“…Lorsque j’étais enfant, je passais une grande partie de mes vacances chez mes grands parents. Là, le temps s’arrêtait, les gens prenaient du temps pour se parler, pour s’entraider. Le soir à la veillée assis dans le cantou, le chat ronronnant sur mes genoux, j’aimais écouter mes grands-parents conter la vie de notre famille ainsi que les légendes du Pays Quercynois…”
“… En rangeant quelques papiers, j’ai découvert un poème écrit par Maman. Elle évoque la nostalgie de sa vieille maison, source de tant de souvenirs heureux…”
“… Nous avons profité de cet été pour aller rendre visite à nos amis qui s’étaient retirés à Bordeaux. Ils furent heureux de me revoir et de mon côté, j’ai eu le plaisir de leur présenter ma femme. Madame Duvivier m’a dit qu’ils avaient été obligés de se séparer du chien car il était devenu voleur. C’était à la campagne et le chien pénétrait dans les nombreuses fermes pour manger des poules, au grand dam des fermiers. Un jour, il a même rapporté un béret !…”
Fermer
“… Ma grand-mère maternelle était une grande dame dont je garde un intérêt certain à raconter l'histoire. Elle fut le fruit des amours d’un comte et de mon arrière-grand-mère, qui était la plus belle fille du village à une époque durant laquelle les châtelains exerçaient encore leur droit de cuissage. Celle-ci possédait une distinction naturelle qui lui conférait un atout indubitable lui permettant de se hisser au sommet de la hiérarchie sociale malgré toutes les vicissitudes rencontrées. Son rang était d'autant plus enviable que, modeste paysanne, elle avait dû fuir son village car l'opprobre vis à vis des filles-mères était sans pitié en ce temps-là. C'est grâce à cette classe native doublée d'une opiniâtreté hors du commun qu'elle réussit cette ascension sociale. Mon père, né d'une relation avec un homme qu'elle n'a jamais voulu épouser, n'eut donc jamais la chance de connaître son propre père. Il a été déclaré à l’état civil, bien que né à la ferme exploitée en fermage par ma grand-mère.”
“… Mon père représentait pour moi un être exceptionnel auquel je vouais une profonde admiration. C'était un héros de la grande guerre, un "Poilu" de 1914-1918, couvert de toutes les décorations possibles et imaginables…”
“… Je n'hésite pas à dire que ma femme est une femme remarquable et courageuse. J'ai trouvé en elle une véritable fée du logis. Lorsque nous recevons, elle prépare des repas succulents qu'à mon goût, je trouve extraordinaires et hors du commun. C'est une épouse que je qualifierai de parfaite en ajoutant que c'est également une mère de famille exemplaire. Nous nous complétons très bien, elle et moi. Je suis d'un naturel rêveur alors qu'elle est d'un caractère plus réaliste…”
Fermer
Extrait 1
“…Deux semaines plus tôt, en ce mois de juillet, elle avait rencontré un homme. De vingt-cinq ans son aîné.
Elle était tombée follement amoureuse de lui. Marié, des enfants. Pas libre lui, autant qu’elle l’était, elle. Robert.
Son nom. Elle l‘appelait Bob. Un air de jeunesse qu’elle lui donnait. Elle vivait une passion totale et absolue. Elle
se consacrait tout entière et sans réserve à son amant.
Elle l’avait aperçu, un après-midi, dans un café de la rue Laugier, debout au comptoir, en grande conversation
avec le patron. Son regard s’accrocha au sien.
- Eh ! Robert ! Tu m’écoutes ? lui lança le patron.
Non, il ne l’écoutait plus. Il l’avait vue, elle. Il flirtait déjà avec elle. La rêvant nue dans ses bras.
- Oui, oui c’est vrai, je suis d’accord avec toi, répondit-il soudain évasif.
Le patron se trouvait à l’autre bout du comptoir servant un autre client.
- Ça y est ? Tu es retombé sur terre ? Elle est belle, c’est vrai. Et ta femme ? Elle va bien ? lui demanda le
cafetier élevant la voix, un sourire en coin.
Elle se retourna et d'un air taquin, lui dit :
- Alors, vous êtes marié ?
- Oui, et il a trois enfants, s’esclaffa le patron agitant une main comme s’il voulait se débarrasser de quelque
chose de gluant.
Embarrassé Robert acquiesça.
- Vous savez à mon âge… !
- Mais ce n’est pas grave d’avoir des enfants, dit-elle maladroitement.…”
Extrait 2
“…Edith avait trois sœurs, dont une internée à vie. Les deux autres, à l’intelligence limitée, la jugeaient. Ses
deux sœurs avaient une situation financière confortable.
L’argent était leur seule valeur et leur donnait une puissance.
L’image négative qu’elles avaient d’Edith cachait au fond d’elles-mêmes une peur inconsciente de leurs propres
échecs. Une zone d’ombre non éclairée.
La situation financière, très précaire, dans laquelle se trouvait Edith, l’obligeait à demander de l’argent à l’une ou
l’autre. Sans toutefois le formuler vraiment.
Elle essayait de leur faire comprendre sa gêne par une phrase approximative du genre :
- Je ne sais pas comment je vais terminer le mois… si mon patron pouvait m’augmenter… ça irait un peu
mieux quand même…
Elle n’obtenait pas de réponse ni même un regard. Elles n’avaient rien entendu. Le trouble d’Edith grandissait et
ses joues se coloraient d’un rouge accentué. Ses sœurs voulaient une demande formulée. Une phrase bien
faite remplie d’embarras, de honte et de malaise. A croire qu’elles en tiraient une certaine satisfaction. Un
compte qu’elles réglaient avec elles-mêmes.
Le besoin d’humilier, de rabaisser. Pour mieux se rassurer. Mieux briller d’une lumière sans éclat.…”
Extrait 3
“…Un char invisible l’entraîna au-delà des murs constellés de lumière. Dans une nuit profonde. Là, sous l’eau,
une multitude de sirènes, femmes de la mer aux boucles rousses, à la douce chevelure d’un rouge éclatant, les
cheveux tourbillonnants, tentaient de remonter vers le jour.
La marée les entraîna vers la porte de la mer.
Un oiseau vola tout près de son visage. Bleu. Son cri atroce, effrayant, venu de plus loin que le temps.
Sourires éteints, pensées mortes, amours oubliées, terres englouties, fantômes d’étoiles.
Où est cette terre de beauté ?
Où se trouve la joie de l’univers ?
Qu’est devenue la lumière du monde ?…”
Fermer
“… Un après-midi, en sortant de l'eau, après m'être baigné dans une rivière, j'ai croisé un monsieur à qui je me suis confié.
Je lui ai parlé de la vie que je menais et je lui racontais dans quelles conditions je vivais. Il m'a donné quelques pièces.
Il était accompagné d'un gosse du même âge que mon petit frère. Le neveu de la patronne voulait l'argent que le monsieur m'avait donné.
Je lui ai répondu que cet argent était à moi et qu'il n'était pas question que je le lui donne. Ne l'entendant pas ainsi, il est allé chercher le mari,
appelé "l'accordéoniste". Lorsque je l'ai vu arriver, j'ai pris peur car je savais qu'il allait me battre.
J'ai jeté les pièces dans la rivière et je me suis enfui en courant. Lui, s’est précipité derrière moi.
J'étais parvenu jusqu'à un petit chemin et, sautant par-dessus des haies, j’ai finalement trouvé une cachette.
Nous étions en septembre et j’ai pu ainsi manger des raisins que je grappillais dans les vignes.
Je suis resté caché une petite semaine, vivant dehors et complètement seul. Je me suis retrouvé dans le petit bois de peupliers dans lequel mon frère,
avait l’habitude de mener brouter l’âne. Un jour, où j'étais grimpé au peuplier, je vis mon frère arriver avec l'âne et
l'attacher sous ce même arbre sans savoir que j'étais juste au-dessus de lui. De là-haut, je surveillai la caravane ;
je guettai le moment où le couple sortirait. J’avais faim et j’attendais pour aller voir s'il y avait quelque chose à manger.
J'étais vêtu d'un pantalon court et je me trouvais toujours pieds nus. Au cinquième ou sixième jour de ma fugue,
je fus repéré car je jouais avec le sable à découvert. M'ayant vu de loin, "l'accordéoniste" a couru derrière moi pour tenter de m'attraper.
Comme nous courions sur le bord de la rivière, j'en ai profité pour me jeter à l'eau afin de rejoindre l'autre rive.
Je n'ai pas réfléchi et de toute façon, je n'ai eu aucun mal car je nageais très bien …”
Fermer